En 2017, Benoit Hamon était encore l’homme fort du parti socialiste. Ancien ministre de l’économie sociale et solidaire puis de l’éducation natinoale, il avait quitté le gouvernement avec les frondeurs puis remporté la primaire de la gauche (devant l’ancien premier ministre Manuel Valls).
Porteur d’un projet politique très marqué à gauche, Benoit Hamon s’est illustré dans de nombreuses propositions emblématiques. Revenu universel, taxation des robots, abaissement dû temps de travail, le programme présidentiel de Benoit Hamon a apporté des idées nouvelles. Elles alimentent aujourd’hui son mouvement politique Génération(s). Car comme vous le savez certainement, la candidature Hamon s’est soldé par un cuisant échec. Et le plus faible score de la gauche depuis 1974.
Sommaire
Retour sur la loi travail
Eternel frondeur, la première proposition de Benoit Hamon pour la présidentielle de 2017 a été d’amander la loi travail. Selon ses déclarations, cette loi avait en effet été “uniquement [faite] pour les gens qui sont heureux d’aller bosser le matin». Très critique au moment de son adoption, il considérait que le fait de baisser les salaires n’était pas un levier efficace pour créer de nouveaux emplois. Mais au contraire un moteur de précarisation, et de paupérisation des français.
Son programme portait donc le projet de la mise en place d’une nouvelle loi travail, avec des mesures sur le compte personnel d’activité. Mais aussi des propositions modernes et ambitieuses comme le droit à la déconnexion (soit ne pas être obligé de répondre à ses emails une fois la journée de travail terminée).
Sa loi travail devait également prendre en considération les nettes évolutions du marché du travail. Et notamment la place de plus en plus importante des robots (45 % des emplois impliquant des tâches répétitives).
Le revenu universel
Le revenu universel fait sans conteste partie des mesures phares dû programme présidentiel de Benoit Hamon. Destiné dans un premier lieu à tous les français majeurs (qu’ils travaillent ou non), il a ensuite touché uniquement les adultes entre 18 ans et l’âge de la retraite et touchant moins qu’1,9 smics (soit 2812 euros brut ou 2185 euros net).
Le revenu universel imaginé par Benoit Hamon pouvait s’élever jusqu’à 600 euros par mois. Selon les estimations de 2017, 30 % des français y auraient été éligibles si Benoit Hamon avait été élu président de la république.
Cependant, cette mesure phare a aussi fait polémique. Notamment en raison du budget colossal qu’il aurait fallu débloquer pour la financer. Evalué à 35 milliards d’euros, le revenu universel aurait été couvert par une partie des crédits alloués à la compétitivité et l’emploi. Mais aussi au Pacte de responsabilité et au déficit public (et non par une éventuelle réforme de la fiscalité du patrimoine).
Pour soutenir son revenu de base, Benoit Hamon s’est également reposer sur les nombreuses expériences à petite échelle tenue dans des pays européens comme la Finlande. Mais aussi sur les études qui tendent à prouver que ce revenu universel n’incite pas les bénéficiaires à arrêter le travail mais à privilégier des activités moins rémunératrices (ou bénévoles).
La question du financement
Selon les estimations de Benoit Hamon, son revenu universel aurait coûté 300 milliards d’euros par an. Un budget conséquent mais qui équivaudrait selon l’homme politique de gauche à l’investissement entrepris au lendemain de la seconde guerre mondiale pour créer la Sécurité Sociale.
En plus des pistes de financement explorée un peu plus haut, il aurait également été couvert par les fusions de certains minimas sociaux (dont le coût équivalait déjà à l’époque à plus de 23 milliards d’euros). Mais aussi les aides au logement, les prestations familiales etc. Hamon souhaitait également puiser dans les fonds créé par l’individualisation de l’impôt sur le revenu et une attaque en règle des niches et de l’optmisations fiscales (qui représentent chaque année plus de 160 milliards d’euros).
Selon lui, la création d’un revenu universel permettrait également de dégager des économies, notamment en matière de santé. Les citoyens auraient en effet plus de temps libre pour s’occuper de leur famille. Mais aussi pour consommer, ce qui permettrait de relancer l’économie.
La réduction du temps de travail
Suite à sa mesure sur le revenu universel, Benoit Hamon avait également prévu dans son programme présidentiel de 2017 de réduire le temps de travail. Une suite logique aux transformations apportées par les technologies numériques selon le candidat socialiste. Mais aussi à la raréfaction du travail dans de nombreux domaines, d’où la nécessité de le partager également entre tous les français.
Benoit Hamon a surtout voulu impulser un changement dans notre modèle de développement. Et arrêter la course perpétuelle à la croissance, qui sacrifie selon lui notre modèle social et notre code du travail.
S’il considère toujours que le travail est un facteur de développement personnel et d’intégration important (il reconnaît d’ailleurs le burn-out comme une maladie professionnelle), il souhaite réduire sa place dans la vie des français. Et ce non seulement pour améliorer leur bien-être, mais aussi réduire le chômage.
La taxation des robots
Comme son mentor politique Michel Rocard avant lui (dans les années 1960 pour être plus précis), Benoit Hamon a également soumis l’idée aux français de commencer à taxer les robots. Son idée était de pallier ainsi au fait qu’ils commencent à remplacer progressivement les travailleurs (notamment les caissières de supermarché, les livreurs ou encore les chauffeurs). Et donc la nécessité de les mettre à contribution et redistribuer les richesses.
Ce salaire fictif des robots permettrait de remplir les caisses de l’état grâce à un impôt, cette fois-ci bien réel. Et notamment de financer le fameux revenu universel.
Le passage à la 6e république
Comme son principal concurrent à gauche, Jean Luc Mélenchon, Benoit Hamon considérait également que les institutions de la cinquième république étaient dépassées. D’où la nécessité de passer à une nouvelle république plus parlementaire afin d’en finir avec la monarchie présidentielle et redonner le pouvoir au peuple français.
Il souhaitait également instaurer un mandat présidentiel unique (c’est à dire que le président ne pourrait pas se représenter à sa propre succession) de 7 ans. Le président aurait également été tenu responsable devant les parlementaire. Autre changement : plus de proportionnelle aux élections législative ainsi qu’une prise en compte du vote blanc. Benoit Hamon souhaitait également réformer le sénat français.
Les autres réformes phares de Benoit Hamon
Parmi les autres mesures emblématique du programme présidentiel de Benoit Hamon, on retrouve notamment :
Les retraites
Benoit Hamon souhaitant notamment augmenter le minimum vieillesse des retraites de 10 %. Mais aussi permettre le transfert des trimestre de retraite entre conjoints et tenir compte de la pénibilité du travail pour le calcul des cotisations.
L’éducation
L’ancien ministre de l’éducation nationale et de la recherche sous François Hollande désirait augmenter les effectifs du corps enseignant en recrutant plus de 40 000 nouveaux enseignants en 5 ans. Il désirait également rendre l’école obligatoire dès 3 ans et créer un droit à l’éducation dès 2 ans pour les ZEP et les départements d’outre mer.
Benoit Hamon désirait également réduire les effectifs par classe. Et revenir à un maximum de 25 élèves pour le primaire et 20 en ZEP et dans les territoires d’outre mer et ruraux.
La santé
Le très libéral Benoit Hamon avait émis le souhait de légaliser le cannabis. Il souhaitait également supprimer les franchises médicales et rembourser le sport lorsqu’il était prescrit par un médecin pour les maladies chroniques.
L’immigration
Benoit Hamon a également porté un programme très à gauche en proposant d’étendre le droit de vote des étrangers hors UE pour les élections locales. Il souhaitait aussi instaurer un visa humanitaire pour les demandeurs d’asile et augmenter l’aide au développement afin qu’il atteigne 0,7 % du PIB français.
Programme sécuritaire (intérieur et extérieur)
Benoit Hamon a également proposé la création de 9 000 postes de policiers et de gendarmes dans le cadre de son mandat. Une mesure qui viserait notamment à pallier aux manques suites aux départ en retraite. Il désirait également favoriser une police de proximité et créer un poste de coordinateur du renseignement attaché au premier ministre pour favoriser la lutte contre le terrorisme.
Défaite et actualité de Benoit Hamon après 2017
Malgré un programme très ancré à gauche et des mesures fortes, Benoît Hamon a subi une défaite cuisante aux présidentielles de 2017. Le candidat socialiste n’a en effet réuni que 6,35 % des votes au premier tour, soit le pire score d’un candidat PS depuis 1974.
La candidature de Jean Luc Mélenchon (qui avait décidé de ne pas participer aux primaires de gauche), mais aussi les factions suites à son élection (notamment de la part de son concurrent malheureux, Manuel Valls, qui a par la suite appelé à voter pour Macron) ont menacé de faire imploser le PS.
Nombreux de ses soutiens au PS sont également restés silencieux et n’ont pas réellement porté sa campagne. Les critiques sur le revenu universel et nombre de ses mesures, jugées irréalistes, n’ont également pas vraiment aidé sa candidature.